Londres est une ville formidable. Je l'ai d'abord découverte en accompagnant les élèves de 4ème lors de voyages scolaires, avec les immanquables « relèves de la Garde » à Buckingham Palace, les magnifiques édifices en dentelle de pierre du Parlement britannique de Westminster et sa célèbre tour horloge Big Ben, Hyde Park et son « speaker's corner », Trafalgar Square et la National Gallery, La Tour de Londres et le Tower Bridge qui enjambe majestueusement la Tamise... autant de sites incontournables auxquels tout bon touriste ne peut échapper ! Et puis deux de mes enfants s'y sont installés, ce fut l'occasion de découvrir bien d'autres quartiers et monuments, de parcourir des parcs tellement immenses et naturels que l'on peut se croire à la campagne en plein cœur de la capitale anglaise. C'est une ville très cosmopolite, bigarrée, où se croisent toutes les couleurs de peaux, de cheveux, toutes sortes d'habillements, des looks des plus classiques aux plus extravagants dans une liberté totale où chacun peut être lui-même et respecté dans sa différence, ce qui est tout à fait réjouissant... Mais c'est la « Londres d'En Haut » ! Car si vous plongez comme moi dans le roman de Neil Gaiman Neverwhere (Nulle part, ou Ailleurs) vous allez découvrir la « Londres d'En Bas », un tout autre monde parallèle et fantastique. Le héros, Richard Mayhew, trentenaire londonien, va y être entraîné par un enchaînement de circonstances en portant secours dans la rue à une étrange jeune fille blessée du nom de Porte. À partir de là une quête effrénée va nous emmener très loin dans l'univers imaginé par l'auteur, nous pénétrons dans les canalisations, bouches d'égouts, lignes de métro, sous-sols de bâtiments désaffectés, souterrains et autres tunnels... Nous rencontrons des personnages haut en couleurs, sortis d'une autre époque, comme le Marquis de Carabas, échappons -provisoirement- aux griffes de deux horribles méchants, Messieurs Croup et Vandemar, tueurs de métier depuis des centaines d'années.
Rats vénérés
Il existe aussi un peuple de Parle-aux-rats et donc de rats qui sont vénérés et honorés, et aussi un peuple des égouts, rebut de la société d'en bas... Il faut savoir que l'espace et le temps ne sont pas du tout les mêmes et, comme Richard, l'on n'a plus aucun repère... Pourtant les stations de métro sont les mêmes qu'en haut, mais avec toujours une signification cachée, ainsi à Blackfriars (moines noirs) se trouve une communauté de moines habillés en noir, à Earl's Court (la Cour du Comte) se trouve un Comte et sa Cour dans un mystérieux wagon, régnant sur le Métro. Pour aller au British Museum où doit se trouver un personnage recherché, on descend à la station du même nom, pourtant désaffectée depuis longtemps...
Un monde en négatif
Neil Gaiman nous embarque avec humour dans une « fantasy » urbaine et sociale, un monde en négatif du nôtre qui a sa propre vie et ses propres codes et qui nous invite à mieux regarder les lieux et les gens invisibilisés autour de nous... Si vous allez à Londres prochainement et entendez dans le métro l'incontournable « mind the gap » (attention à la marche), reculez bien vite sinon une créature sortie de sous le quai pourrait bien vous enserrer la cheville et vous entraîner avec elle... Quant à moi, je ne vois plus du même œil le quartier d'Islington et sa station Angel (Ange) où habite ma famille anglaise car il s'agit d'un personnage de la Londres d'En Bas ! C
Extraits
" Richard se demanda où ils pouvaient se trouver. Pas dans un égout, apparemment. Un tunnel pour les câbles téléphoniques ou des métros miniatures. Ou pour... autre chose. Il s'aperçut qu'il ne connaissait pas grand-chose à ce qui se passait sous les rues de Londres ".
"Jeune homme, comprenez bien une chose : il existe deux Londres. Il y a la Londres d'En Haut - c'est là que vous vivez - et puis il y a la Londres d'En Bas- l'en Dessous – qu'habitent ceux qui sont tombés dans les failles de ce monde (…) « Il faudra vous débrouiller de votre mieux ici-bas, avec les égouts, la magie et le noir. "
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