Par Anne-Yvonne Landais.
Grâce à l’étude de Claude Poissenot, enseignant-chercheur à l’IUT de Nancy et publiée dans « The Conversation » le 31 janvier 2024, je n’ai pas perdu de temps à la recherche des utilisateurs de boîtes à livres (BAL). Claude Poissenot dresse une typologie à partir d’un sondage auprès de 1300 personnes gravitant autour de 673 BAL réparties sur l’ensemble du territoire français métropolitain. Les BAL se sont fortement développées au cours de la dernière décennie pour dépasser les 10 000 actuellement. L’idée de partage est à la base de ces BAL ; pourtant 23 % des personnes seulement déposent des livres qu’elles ont aimés tandis que 43 % y déposent des livres, principalement pour s’en débarrasser par manque de place et 21 % y déposent des livres qu’elles n’ont pas aimé sans exclure l’idée que d’autres puissent les apprécier. Rares sont les personnes qui espèrent y trouver un ouvrage précis (4%) ; une très grande majorité (87%) vient sans idée de départ avec le plaisir de fouiner au hasard des découvertes, tant de genres littéraires que d’auteurs. L’usager type est une femme, plutôt âgée, diplômée, vivant en ville. A peu près 80 % des utilisateurs sont des femmes. Cette représentation est encore plus forte que dans les bibliothèques (58%) et les librairies (55%). La féminisation de la lecture explique en partie ce résultat mais pas seulement. Les femmes ont plus une approche de découverte et de surprise que les hommes. Elles acceptent mieux de se laisser porter vers de nouveaux horizons littéraires. Les diplômés sont surreprésentés: environ 75 % des utilisateurs ont fréquenté un établissement d’enseignement supérieur contre 37 % pour l’ensemble de la population. L’image de la BAL dans un cadre champêtre est certes très jolie mais ne correspond pas pour autant à la réalité. Les utilisateurs sont en grande partie des urbains, grands lecteurs, chez qui la notion de flux d’entrées-sorties de livres est plus importante que celle de stock, par manque de place. Cependant, même en ville, les BAL sont souvent implantées dans des parcs ou des jardins. Ainsi si 4 % de la population vit dans une commune à forte densité ( 15 000 habitants au km² ou plus) c’est le cas de 23 % des utilisateurs. La notion de partage est très présente : 75 % des personnes viennent à la fois prendre et déposer des livres , 16 % que pour en trouver et 9 % pour en déposer. Il n’y a pas d’effet d’éviction : la grande majorité des usagers des BAL sont également inscrits dans une bibliothèque et fréquentent les librairies. Pour ces grands lecteurs, la BAL complète mais ne remplace pas les deux autres « sources » traditionnelles d’approvisionnement. Par contre, elle permet souvent aux personnes plus éloignées de la lecture d’ « oser » regarder, piocher des livres alors qu’elles hésitent bien souvent à franchir le seuil des bibliothèques et/ou librairies. Les Bal sont plébiscitées par la grande souplesse d’utilisation qu’elles offrent. Elles créent un lien très positif entre les personnes et la lecture mais relativement peu entre les lecteurs eux mêmes contrairement aux bibliothèques. C
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