Par Anne-Yvonne Landais.
Dans quelques semaines, la France va accueillir les Jeux Olympiques. Afin de se mettre dans l’ambiance, rien de tel que de (re) visionner le merveilleux film Les Chariots de Feu de Hugh Hudson qui se déroule lors des JO de Paris en 1924. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un excellent moment : la qualité des images, l’histoire de deux athlètes britanniques, Eric Lidell et Harold Abrahams, la scène mythique des coureurs sur la plage avec la sublime musique de Vangelis. La lecture de quelques livres permet de prolonger le plaisir et de se préparer à un été sportif.
Vaincre à Rome
Deux heures quinze : tel est le temps du vainqueur du Marathon aux Jeux Olympiques de Rome en 1960. Faites cette expérience unique : installez-vous confortablement dans un bon fauteuil avec une bonne tasse de thé et laissez-vous transporter par la magie du livre. Plongez-vous dans ce texte au rythme du coureur ; pas plus qu’il ne s’est arrêté, lisez-le d’une traite. Souffrez, doutez, espérez, progressez, vibrez tout au long du fabuleux parcours dans Rome. Célébrez la victoire lors de l’arrivée dans l’enceinte mythique du Colisée ! Grâce à la plume de Sylvain Coher, vous serez aux côtés d’Abébé Bikila, le coureur éthiopien aux pieds nus qui est entré ce jour-là dans la légende de l’athlétisme. C
Mes victoires, mes défaites, ma vie
Michel Jazy qui vient de nous quitter à l’âge de 87 ans était un grand champion français, spécialiste de fond et de demi-fond. Il a enchanté la France des années soixante avec ses nombreux records et titres tant nationaux qu’internationaux. Après sa médaille d’argent aux 1500 mètres à Rome, le titre olympique du 5000 mètres ne pouvait lui échapper à Tokyo aux J.O de 1964. Mais, en sport rien n’est jamais écrit d’avance. Aussi qu’elle ne fut pas ma déception et mes larmes comme celles de tout un peuple lorsqu’il eut échoué au pied du podium. Ce sont toutes ces émotions qui ressurgissent à la lecture de cette autobiographie simple et sincère. C
Le nageur d'Auschwitz
Alfred Nakache est un nageur français issu d’une famille juive de Constantine. Son histoire est tellement édifiante qu’elle a donné lieu tout récemment à deux biographies : celle de Renaud Leblond que j’ai lue avec beaucoup d’intérêt et celle de Pierre Assouline, Le Nageur, parue chez Gallimard en 2023. Dans un contexte particulier, lui le juif, il participe aux J.O de Berlin en 1936 où il finit quatrième avec l’équipe de France du relais 4 x 200 mètres nage libre et devant... l’Allemagne ! Arrêté par la Gestapo en 1943, il est envoyé ainsi que sa femme et sa petite fille au camp de concentration d’Auschwitz. Elles seront hélas exterminées dès leur arrivée au camp. Grâce à une excellente condition physique et une volonté exceptionnelle, Nakache va survivre et sera libéré par les Américains en Avril 1945 : « Je sors de la tombe. Il faut avoir vécu la vie de ces camps pour s’imaginer ce que c’était. » Faisant preuve d’une incroyable résilience, il reprend l’entraînement et participe aux premiers J.O. d’après-guerre à Londres en 1948 où il est le meilleur nageur français en 200 m papillon ; il fut également membre de l’équipe française de water-polo. Il meurt en 1983, pris d’un malaise en mer où il effectuait son kilomètre de natation quotidien. Ce livre de Renaud Leblond lui rend un hommage émouvant bien mérité. C
Croke Park
Le lien abordé entre sport et politique dans Le Nageur d’Auschwitz se retrouve dans cet album à travers deux sports : le rugby et le football gaélique. Celui-ci est un sport typiquement irlandais, mélangeant, pour simplifier, le rugby, le football et le hand-ball. Mais pour les Irlandais, il est bien plus qu’un sport, c’est le ciment de l’identité nationale et « Croke Park n’est pas un simple stade, il est le symbole de l’Irlande, une bibliothèque de souvenirs. » Dans cet album très bien illustré, deux histoires se croisent, s’entremêlent à deux périodes différentes : le match de football gaélique en novembre 1920 et le match de rugby Irlande-Angleterre en 2007. Traditionnellement, Croke Park n’accueillait que des matchs de football gaélique mais en 2007, « Lansdowne road », le temple du rugby étant en travaux, les rencontres de rugby se déroulent à Croke Park, interdit aux Anglais depuis le drame du « Bloody Sunday », le 21 novembre 1920. L’armée anglaise y avait perpétré un massacre délibéré de nombreux joueurs et spectateurs lors du match Tipperary-Dublin, en représailles d’actions de résistance irlandaises. L’émotion est donc palpable dans le stade lors du match en 2007. Très belle lecture, pleine de sensibilité, qui nous fait revivre des pages dramatiques de la guerre d’indépendance irlandaise. C
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