Par Martine Bouquin.
Il existe la boîte à gâteaux, la boîte à bijoux, la boîte à chansons, la boîte à chaussures et... les boîtes à livres. Elles ont fleuri un peu partout, dans notre environnement. Quelle belle initiative que d’avoir déposé ou élaboré dans des lieux de passage ces fameuses cabanes à trésors littéraires. Au gré de nos promenades nous pouvons ouvrir les portes magiques de ces petites ou imposantes boîtes à livres. Elles sont plus originales les unes que les autres. Amoureux de littérature, nous pouvons partager nos coups de cœur avec d’autres personnes sans pour autant les connaître, chaîne humaine, reliée par la magie des mots.
J’aime m’asseoir sur un banc près d’une boîte à livres. J’aime regarder les quidams ouvrir la porte des cavernes aux mille trésors de papier. Clic, clac, Sésame ouvre-toi : le regard examine le contenu, on penche la tête à droite, à gauche, on se plie en deux, on tend le bras pour sortir l’opuscule qui se trouve loin derrière, on lit le résumé, on fait la moue on repose le sujet. On s’interroge, on le prend. Il y a des regards aux sourcils pincés, des sourires de satisfaction, des soupirs de choix évident. L’ouvrage est aussitôt déposé dans un sac ou coincé sous le bras.
Seconde vie
Et voilà notre grimoire qui part voyager. Il sera redéposé peut-être dans une autre bibliothèque hors murs. Il en aura connu des doigts tournant ses pages. De ses feuilles cornées, il indiquera aux prochains lecteurs des annotations, des passages importants pour l’un, des interrogations pour d’autres. Redécouverte de récits oubliés. Le temps de faire rêver le bibliophile, c’est une seconde vie pour ces ouvrages… Les livres sont libres de voyager. C’est dans une de ces boîtes à livres que j’ai retrouvé un trésor perdu. J’avais 13 ans j’étais au collège et notre professeur de français nous avait demandé de lire Jubilee. L’histoire nous entraînait à l’époque de l’esclavagisme aux États-Unis, nous y partagions la vie de Vyry, fille d’une esclave et d’un maitre blanc. Son destin se confondait avec la longue marche vers la liberté et la promesse d’un monde nouveau. Roman historique et poignant d’autant plus que son auteure Margaret Walker nous racontait l’épopée de son arrière grand-mère. Je me revois du haut de mes 13 ans avaler cet ouvrage pleurant souvent, chantant du gospel avec l’héroïne et voulant adhérer à la cause « Noire ». Ce livre, j’ai dû le prêter, l’égarer, le donner ?
Derrière un bouquet d'agapanthes
Et c’est dans une boîte à livres que je l’ai retrouvé. Une petite boîte cachée derrière un bouquet d’agapanthes bleues au milieu de nulle part. Quelle fut ma surprise de pouvoir le serrer dans mes mains, de vivre à la relecture des sensations jamais oubliées, ancrées dans ma mémoire ! Relire cette histoire avec mes yeux de grand-mère m’a transportée vers l’adolescente que j’étais et cette envie de sauver le monde. La magie des mots était la même. Je me suis souvenue aussi de ma note en résumé littéraire : 17/20. " Let my people go ! »
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