Par Martine Bouquin.
Dans ma famille, depuis toute petite, déménagement est synonyme de départ. Je revois mon papa rentrer du travail, s’asseoir, et nous dire qu’il avait une bonne nouvelle à nous annoncer. Oh, la surprise n’en était pas une, on savait ce qu’il avait à nous dire : « On va déménager ! ».
Dans la cité ouvrière où nous habitions, à chaque départ à la retraite d’un actif, nous pouvions changer de logement, plus grand, plus confortable. Nous changions alors de trottoir, parfois de rue. Mon angoisse était de m’éloigner de mes amies, de mes copains, de mon école aussi. Par chance cela n’est jamais arrivé. Si bien que pour moi ces déménagements étaient le signe de nouveaux horizons proches. Je vais vous raconter un de ces départs vers l’autre côté de la rue. Huit cents mètres quand même ! En tout premier lieu, à l’instant même où papa nous prévenait du jour du déménagement, les épaules de maman s’affaissaient et une moue apparaissait sur son visage. « Encore ? » Maman détestait l’organisation de ces départs et pour cause : pas de déménageurs professionnels, non. Papa faisait appel à « la tribu » c’est-à-dire ses frères. La fratrie se composait de cinq garçons et d’une fille. Les conjoints et les copains étant de la partie, les bras ne manquaient pas. N’ayant pas de voiture, papa empruntait un J9 (genre d’estafette) à son employeur, les paires de bras, les brouettes et les paniers faisaient le reste : nos déménagements étaient épiques. Une semaine avant le vide-maison, nous entassions dans d’immenses cartons toutes nos affaires : jouets, livres, linge de maison, vêtements, si bien que, une fois les armoires vidées, les cartons n’étant pas identifiés, il fallait retrouver nos effets personnels. Je vous laisse imaginer la belle pagaille ! Venait ensuite le jour J.
Treize déménagements
Je me souviens de ce fameux déménagement. Maman s’était éclipsée avec l’excuse de préparer les casse-croûtes, il fallait bien nourrir toute cette fine équipe. Partie avant que toute la famille ne débarque, elle laissait papa, seul, se démener pour diriger la tribu. Je revois mes oncles, au garde à vous, attendant les ordres tout en chahutant et plaisantant, papa aboyant des consignes que personne ne suivait. Chacun n’en faisait qu’à sa tête. J’aimais ces instants de folklore. Tout ce petit monde allant d’une maison à l’autre déposant les cartons n’importe où, se taquinant, se bousculant. Et ce fameux instant où papa appelant maman, qui n’était toujours pas revenue, s’apercevait que le réfrigérateur n’était pas vidé, et que l’immense plante caoutchouc, héritage de grand-mère, ne rentrait pas dans la camionnette. Pas de panique : le frigo plein fut porté par trois paires de bras, et le « caoutchouc » suivit le cortège dans la brouette où, nous les enfants étions chargés de le maintenir droit. La procession fut applaudie par toute la cité, au son des airs militaires que ma marraine chantait pour donner le rythme. Maman est arrivée pile à l’heure pour le casse-croûte, toute heureuse d’avoir échappé à la transhumance : J’ai déménagé 13 fois ! C
à propos
Un été indien de Truman Capote
Bobby, un jeune garçon, dans l’Amérique des années 1930, doit quitter la ferme où il vit avec ses parents et ses chers grands-parents pour aller vivre là-bas dans la grande ville.
« Le jour où je dus quitter mon enfance en Virginie-Occidentale, sur les contreforts des Alleghanys, fut l’un des plus tristes de mon existence.» Partir n’est pas son choix. Une petite nouvelle nostalgique et mélancolique qui nous fait monter les larmes aux yeux.
L’homme qui marche de Jean Beliveau
Jean Béliveau, entrepreneur canadien, décide de partir faire le tour du monde à pied le 18 août 2000, jour de ses 45 ans. 11 ans plus tard, le 16 octobre 2011, il rentre chez lui après avoir parcouru 75 543 kilomètres en 4077 jours à travers 64 pays. Partir ! Mais pourquoi ?
Par la force des arbres de Edouard Cortès et Dominique Mermoux
Qu’est-ce qui a poussé Édouard Cortès éleveur de moutons dans le Périgord noir, à quitter femme et enfants pour aller construire une cabane au sommet du plus grand chêne de la forêt et d’y vivre pendant un an ? S’éloigner du monde et de la folie des hommes ? Partir, partir loin du tumulte mondial, partager le silence et contempler la nature ! Donner un sens à sa vie d’éleveur de plus en plus difficile. Voir le monde d’en bas à hauteur d’arbre. « Remettre les pendules de sa vie à l’heure ?» Ce départ sera-t-il pour lui une renaissance ? C
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