Par Martine Bouquin.
Août 1960
Dring… Dring… Le téléphone sonnait depuis quelques secondes.
- Christiane ? Au secours ! cela ne peut plus durer !
- !! Bonjour, Caro. Un problème ?
- Oui, bonjour ! J’en peux plus ! Il faut faire quelque chose. Tu es au syndic du lotissement, alors à toi le bébé. Sinon, je fais un malheur ! Je t’assure, là je craque !
- Hum, ok. Dis-moi, qu’est-ce qui se passe ?
Voilà, comment une histoire de voisinage a pu commencer. Caro, c’est la meilleure amie de ma marraine. Toutes premières installées dans ce lotissement de 40 maisons, elles avaient créé des liens d’amitiés très forts. Cela faisait bientôt 15 ans qu’elles faisaient vivre cette communauté en organisant des fêtes de voisinage, garderies d’enfants, activités sportives et entraide en tout genre. Les années passant, beaucoup de leurs amis partaient vers d’autres contrées pour laisser place à de nouveaux propriétaires.
- Écoute, là je craque. Ce sont les nouveaux arrivants du 25. Tu sais, ceux qui sont en mitoyenneté de notre terrain (soupir),
- Oui ?
- Ils ont installé un poulailler, accolé à notre cabane de jardin. Tu imagines ? UN POULAILLER ! (gros soupir).
- Oui, et...
- Non, mais tu ne comprends pas ? Ça pue, et les poules n’arrêtent pas de « cotcoter », y’en a au moins une vingtaine, c’est sans arrêt : COOTCOTCOT… COOOOOT... (Marraine éloigne le combiné du téléphone de son oreille, car les cris de Caro sont trop stridents). Mais comment ont-ils fait pour avoir l’autorisation pour cette installation ? C’est un élevage ! On est dans un lotissement, ils n’ont pas le droit. Et qui sait, bientôt on aura des rats, sans parler de la grippe aviaire. Je t’assure, on ne peut même plus profiter du jardin. Ça sent la poule !!!! en plus….
On ne pouvait plus l’arrêter…
- Il faut faire quelque chose. Une pétition, une menace. Il y a un cahier des charges je crois ?
- Caro, et si tu leur parlais, peut-être que…
- Ah NON ! et puis quoi encore. Ce sont eux les nouveaux, ils arrivent, ils s’installent et font comme s’ils étaient seuls au monde, même pas un bonjour…On étaient là avant, et avec des règles, non ?
Je vous laisse la suite de l’histoire en suspens. Les négociations ont été très mouvementées, les pourparlers houleux. Mais, je vous assure, l’histoire s’est bien terminée. Je vous en donne l’épilogue ? Le poulailler fut déplacé sur un espace vert éloigné du lotissement. Chaque lundi, nous venions déposer nos déchets organiques, et le propriétaire du poulailler le nettoyait chaque jour avec l’aide de : Caro ! Les enfants du lotissement venaient récolter les œufs frais et allaient les distribuer aux alentours. L’argent récolté aidait à entretenir l’espace vert et avec le surplus, on organisait une fête de partage. Bien avant « la fête des voisins » que l’on connaît de nos jours. Cela a duré 5 ans. Jusqu’à l’arrivée de nouveaux propriétaires… Mais çà, c’est une autre histoire.
Chers voisins 3
Je me suis rappelée cette histoire vécue étant petite, en feuilletant Chers voisins 3, mots doux et petites querelles de voisinage, un petit livre d’humour qui dit : « le voisinage on ne le choisit pas, mais il faut vivre avec… du moins, jusqu’au prochain déménagement ! »
Extraits
« Chers voisins, notre capitaine de gendarmerie part à la retraite et ça se fête ! Merci de nous excuser pour les nuisances sonores à venir, pas besoin de prévenir la police, ils sont déjà tous sur place.
« Merci pour ce moment qui m’a fait trop du bien. Musique ce samedi chez vous. Je suis un peu vieille mais j’adore ce moment où on est réactif. La musique c’est la vie et ça fait du bien au cœur. Marie app 4. »
Chers Voisins 3, Mots doux et petites querelles de voisinage, J’ai Lu, 2019, 144 p.
Ceux d'à côté de M.T. Edvardsson
« Il est dans notre nature de juger ceux qui nous entourent. Nous jugeons la façon dont des inconnus s’habillent, la façon dont nos voisins entretiennent leur pelouse et la façon dont ils se comportent en public. Oui, nous portons constamment ce genre de jugement sans qu’il nous vienne à l’esprit qu’un jour nous serons peut-être jugés. Il est dans notre nature de juger ceux qui nous entourent »
Vous vous rappelez, sans doute, de cette introduction en présentation d’une série américaine des années 2000 ? « DESPERATE HOUSEWIVES » ? Nous pouvions nous installer bien confortablement dans notre fauteuil, rentrer et « fouiner » sans effraction, dans l’intimité du quotidien de quatre familles américaines.
Installez-vous de la même façon dans le roman de M.T. Edvardsson.Vous déménagerez avec Mike et Bianca et leurs enfants William et Bella. Las de vivre à Stockholm, ils aspirent à la tranquillité de la campagne. C’est à Köpinge qu’ils vont élire domicile. Petite localité de la province de la Scanie au sud de la Suède. Là au moins, tout le monde se connaît, et l’entraide entre voisins fait office de loi. Enfin, jusqu’au jour où la suspicion et la méfiance s’installent au sein de la communauté : Jusqu’à l’accident !
M.T. Edvardsson, Ceux d’à côté, Sonatine, 2022, 416 p.
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