Chère Alanis Obomsawin

 


Par France Rioual.

J’ai côtoyé Alanis Obomsawin l’été passé. Ce qui frappe d’emblée c’est son élégance. Une fierté sereine à être qui elle est : une abénakise*. Objet de violences racistes de la part des enfants à l’école, elle comprend assez vite qu’une autre histoire leur a été racontée. Celle des sauvages qui scalpent les gens en se promenant. Elle deviendra chanteuse et conteuse des histoires de son peuple. Et puis, il y eut cette histoire de piscine. Il y en avait bien une à proximité de sa communauté mais les enfants autochtones n’y étaient pas acceptés. Aussi se battra t-elle pour en faire construire une… ouverte à tous. Le fait est suffisamment rare pour attirer réalisateur et équipe de tournage et pour que l’office national du film du Canada ne la contacte elle-même. Alanis Obomsawin devient réalisatrice. Elle sera auprès des siens et de leurs combats à travers tout le Canada. Elle a aujourd’hui 91 ans, des réalisations en cours et plus de 50 films à son actif. Chose extraordinaire, ceux-ci sont en libre diffusion sur le site de l’office national du film canadien. Ils n’ont de cesse de dire comment la réalisatrice apprécie son peuple et combien il est beau. C 

* Les Abénakis, peuple autochtone membre des Premières Nations fait partie de la famille algonquienne, présent en Acadie et au Québec et dans plusieurs États américains.

Louise Erdrich,
à sa façon, mais tout comme Alanis Obomsawin, nous parle aussi des siens. Dans Celui qui veille, c’est de l’histoire de son grand-père et de sa communauté dont il s’agit : les Chippewas de Turtle Mountain dans le Dakota du nord. L’histoire de ceux qui se nomment les qui-sommes-nous-désormais ? Eux qui sont nés dans la réserve, ont grandi dans cette réserve et y mourront probablement. Tout au moins c’est ce que pensait Thomas Wazhashk, président du conseil tribal, jusqu’au moment où il prend connaissance de la Résolution 108 du Congrès américain visant à les chasser, précisément, de la réserve. C


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