Par Martine Bouquin
Je me souviens de mon grand-père remontant sa montre à gousset, qu’il nommait son garde-temps.
Tous les soirs à 20 heures précises, à l’heure de la tisane, il retirait la chaîne accrochée à la poche de son gilet et en sortait un boîtier en argent qu’il ouvrait en cliquant sur un petit bouton-pressoir. Il vérifiait que l’heure était la même que sur la pendule comtoise et le rituel commençait : « Tu vois, ma puce, je ne remonte pas le temps, je le maintiens. Lorsque cette montre s’arrêtera, je ne serai plus là. » Et il tournait entre son pouce et l’index la couronne du remontoir toujours dans le même sens, d’avant en arrière, très lentement. De ces gestes qui indiquent le temps qui passe. Instants d’éternité qui s’étiraient, s’étiraient. J’imaginais, à ces paroles, le silence qui nous entourerait si le tic-tac de cette montre mécanique s’arrêtait brusquement. La nuit, il la posait sur la table de son chevet et nous entendions le bruit des heures qui s’éloignent. Tic-tac-tic-tac….
Elizabeth, l’héroïne de La maison des solitudes de Constance Rivière, va-t-elle, arriver à temps pour embrasser une dernière fois sa grand-mère qui vit ses dernières heures à l’hôpital ? Le Covid aura-t-il raison de cette femme si aimée de sa petite-fille ?
Assise dans le couloir, Elizabeth remonte le fil de sa vie. Et les souvenirs remontent à la surface. La maison familiale, les contes de l’enfance, les câlins de sa grand-mère, rayon de soleil, la rassurant quand elle fait ses cauchemars. Pourtant une ombre recouvre le tableau idyllique de ses souvenirs. L’absence de ses parents, sa mère qui ne veut plus jamais franchir le seuil de la maison et qui l’abandonne à cette grand-mère si aimante. Et le souvenir de cette porte de couleur jaune, interdit de l’ouvrir ! Pourquoi ? Que s’était-il passé ? Elizabeth aura-t-elle le temps de découvrir la vérité sur son enfance ? Le temps des questions est venu ! Voici le temps de la transmission et de la réconciliation. C
Extrait
« Le temps se joue de nous, il ralentit, accélère, s’étire, puis se perd… Il y a des années TGV et des semaines ski de fond, des mois trop rapides qu’on voudrait prolonger et des jours où les minutes s’égrènent avec une douloureuse lenteur, mais arrive toujours un temps où il n’est plus temps »
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