Par Marie-Annette Lucas
Dans un numéro consacré aux festivals, c'était une évidence pour nous de parler du festival de Sainte-Anne d'Auray Les Galettes du Monde, et le mieux placé pour en parler est son président, Daniel Guguin, intarissable sur le sujet !
Les Causeuses : pouvez-vous nous parler des débuts du Festival des Galettes du Monde à Sainte-Anne- d'Auray et de son évolution ?
Daniel Guguin : le Festival a débuté en 2008, avec le comité des fêtes saintannois. L'idée était de proposer des animations autour de la galette, non seulement bretonne, mais aussi de celle cuisinée par d'autres pays . Nous avons commencé « petit » avec 12 pays représentés par des associations, et le public a répondu présent, doublant d'année en année à notre surprise, passant de 1500 visiteurs à 3000, 4500, 5000… et 30 pays aujourd'hui. De 2008 à 2015, nous étions sur un Festival de découvertes culinaires, de musiques, danses et artisanat des pays, mais en 2015, on a senti le besoin de se diversifier, d'élargir, de proposer autre chose côté musique, en sollicitant des groupes variés de grande notoriété et nous avons fait un village de pays, avec un ou plusieurs pays mis à l'honneur chaque année. En 2023, c'est l'Amérique du Sud qui sera représentée avec le Chili, la Colombie, le Pérou et la Bolivie. Le Festival a vite dépassé les frontières saintannoises et est devenu connu, reconnu, au point que bon nombre de festivaliers achètent leur billet sans savoir ce qui s'y passe !
Les C. : Le Festival a donc beaucoup grandi, grossi… L'esprit du Festival à ses débuts perdure-t-il aujourd'hui ?
D.G. : Oui, tout à fait, je suis très attaché à l'esprit du Festival qui est d'être étroitement lié aux pays invités, pour la plupart très pauvres, et quand on voit tout ce qu'ils font pour leur propre pays, à savoir aménager des hôpitaux, des écoles, des actions vitales pour eux, je leur tire un coup de chapeau. On est devenu une grande famille dont l'ADN est le côté familial, humanitaire et solidaire. Nous sommes interdépendants, l'un sans l'autre n'existe pas. Et malgré l'ampleur du Festival aujourd'hui, on s'accroche toujours aux fondamentaux du début.
Les C. : Qu'en disent les nouveaux festivaliers d'aujourd'hui ?
D.G. : En premier lieu, ils sont surpris par nos prix d'entrée très bas (15€ le samedi et 10€ le dimanche) et pensent alors que ça ne va pas être terrible, mais c'est tout le contraire ! Nous proposons toujours une très bonne prestation, et beaucoup nous remercient pour avoir eu accès à un concert de qualité pour toute la famille à ce prix- là, vu nulle part ailleurs.
Les C. : Pouvez-vous nous parler des musiciens ?
D.G. : Les groupes de musiciens fonctionnent au cachet de festival comme partout, d'où un budget de plus en plus conséquent vu la notoriété de notre Festival. Certains ont accepté de réduire un peu, mais aujourd'hui on est entré dans la cour des grands, on doit travailler à prix coûtant, et ne peut pas baisser en qualité de prestation. On est au même niveau que Carhaix (les Vieilles Charrues), avec des contrats identiques, mais pas avec le même budget ! Cependant nous ne voulons pas toucher au prix d'entrée car si l'on monte les prix, c'est autant d'argent qui ne sera pas dépensé auprès des pays, et ces derniers sont essentiels à notre manifestation. Eux sont nos invités, nous les accueillons au mieux et tout est à leur disposition.
Les C. : Quel est l'avenir du Festival aujourd'hui ? Peut-on le déplacer ?
D.G. : Cela fait partie des réflexions que nous menons. Le Festival ne peut plus grandir là où il est aujourd'hui. Il a atteint ses limites et reste très fragile financièrement. Peut-il se déplacer ? Peut-être si c'est pour un plus grand espace dans un rayon assez proche de l'emplacement actuel. On pourrait alors accueillir 15 à 20 000 personnes le samedi soir, c'est-à-dire les personnes que l'on refuse aujourd'hui où la jauge est à 10 000, dans de bonnes conditions et consolider nos finances sans monter les prix. Nous sommes structurés comme une entreprise semi-professionnelle avec 50 responsables de pôles très compétents chacun dans leur domaine et qui recrutent leurs équipes de bénévoles, 600 au total. Nous avons aussi le soutien des élus locaux morbihannais, ce qui est très important. Je voudrais aussi signaler au cœur du Festival « l'espace conférences » où les pays peuvent venir expliquer les actions qu'ils réalisent grâce à l'argent récolté, et où des globe-trotteurs qui sillonnent la planète peuvent partager leurs expériences avec le public.
Les C. : Puisque notre dépêche parle de littérature, aimez-vous lire ?
D.G. : Je lis beaucoup de documents en lien avec les voyages pour pouvoir parler de ce que je connais. C'est pour cela que le Festival me va bien : j'aime la découverte d'autres pays, leurs conditions de vie, souvent bien plus difficiles que les nôtres… En fait, le Festival des Galettes du Monde n'est pas un festival comme les autres. C'est un festival breton, novateur dans sa démarche d'accueil des associations de pays. C'est un monde coloré, respectueux où tout le monde s'entraide. Si les pays ne venaient plus, le Festival n'existerait plus. Et si la galette en est la porte d'entrée, les festivaliers y trouveront bien davantage dans tous les domaines, toujours dans un esprit d'échange et d'expériences culinaires autant que musicales.
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