Le manque

 

Par Odile Perriot

Cet écrit n'est pas un roman, c'est le journal intime de jeunesse de Sylvie. Il commence sur les bancs de l'école. Elle se sent seule. Arrive une nouvelle, Andrée. Immédiatement elle est touchée par sa présence, la rencontre se fait. Elles sont les premières de classe. Complices, elles partagent l'école et de nombreuses vacances. Leur lien se construit, se renforce, évolue avec le passage à l'adolescence. Chacune est issue d'une famille attentive à l'éducation de ses enfants. Leurs échanges sont toujours francs, sincères et respectueux. Rester longtemps sans se voir est un manque et les courriers essaient d'y pallier. Le vouvoiement de politesse respecte les convenances d'alors.

Jeunes filles libres

Ce sont des jeunes filles libres. Elles confrontent leurs ressentis sur les lois sociales et celles de leur famille, le droit à l'amour, au travail, à la  sexualité, la place de la religion et de la foi. Andrée vit dans une famille nombreuse où la religion a une place importante. Son avenir social est le mariage, mariage arrangé, digne de son rang. C'est une grande souffrance pour elle, car elle aime un homme, Pascal, qui, lui, ne pense pas au mariage. Elle ne peut pas désobéir à sa mère, ni cesser d'aimer cet homme. Sylvie est soutenue dans ses études par son père, ruiné par la « méchanceté » de la vie, il veut que sa fille ait un travail. Sa foi s'est élimée avec le temps. Andrée ne comprend pas que Sylvie puisse vivre sans la foi. Sylvie ne comprend pas que Andrée mette de côté la vie à laquelle elle aspire par obéissance à sa mère. Malgré leurs divergences, vraies amies, rien ne les sépare. Pourtant, la vie le voudra autrement.

Extrait

de Zaza à Simone, 19 ans

Lettre écrite en 1927 

… Excusez-moi de vous avoir, en somme, très mal comprise. Mon erreur vient de ce que dans votre avant-dernière lettre vous insistiez beaucoup sur cette recherche de vérité, votre récente conquête ; seulement, j'ai cru dans ce parachèvement qui n'est qu'un but, qu'un sens donné à votre existence, une renonciation à tout le reste, un abandon de toute une part si belle de notre humanité. Je vois que vous êtes loin de songer à une mutilation de ce genre et que vous ne renoncez à rien de vous même...