Le stationnement en parking sous-terrain a toujours été un choix par défaut. Et ce n’est pas la lecture de La Résurrection de l’Ange qui me fera changer d’attitude. Pire : le thriller de Bruno L’Her revient comme une petite musique chaque fois que, désormais, j’approche un chariot de courses du coffre de ma voiture. Au 36 rue du Bastion, siège de la PJ de Paris, le commandant Alexis Fromentin et son équipe sont sur les dents. Des femmes sont enlevées (dans un parking de super-marché), retrouvées mortes et… atrocement mutilées. Le lecteur a beau avoir été prévenu, en préambule, de l’existence de « criminels pour lesquels aucune frontière n’existe lorsqu’il s’agit d’engendrer le Mal », il passe (comme les victimes) de la peur à la frayeur, de la frayeur à la terreur et de la panique au désespoir. Pour celui ou celle qui a connu l’ex-capitaine de gendarmerie d’Auray, aujourd’hui écrivain et éditeur à plein-temps, il ou elle demande évidemment à comprendre qui se cache derrière Bruno L’Her. C
Les Causeuses : Vous êtes né à Quimper en 1965 et avez été officier de police judiciaire pendant 35 ans. Le Morbihan vous connaît particulièrement puisque après un début de carrière à Courbevoie au pied de La Défense vous êtes muté dans le département en 1993, à Vannes d’abord puis à Auray où, commandant d’unités de sécurité publique vous veillez sur les habitants de Auray, Brec’h, Sainte-Anne-d’Auray, Plumergat, Plougoumelen, Le Bono et Crac’h. Votre parcours fait état par ailleurs d’une présence de sept mois au sein de la force de protection des Nations Unis pendant le siège de Sarajevo. Le capitaine L’Her s’est-il mis à écrire pour exorciser tout le mal dont il a été témoin ?
Bruno L’Her : Pas du tout, non. J’ai toujours écrit. Si la priorité revenait au travail de gendarmerie quand j’étais gendarme, je passais tous mes moments libres à écrire. Y compris la nuit. J’y ai laissé des plumes. Il ne faut pas chercher dans mes livres un duplicata des affaires que j’aurais pu traiter dans le cadre de ce métier. Celui-ci alimente mon récit mais il n’est pas le seul. J’observe tout, j’entends tout. La Résurrection de l’Ange est édité dès 2007. C’est mon premier livre. Finaliste du Prix du Quai des Orfèvres, il est repéré par les éditions Atelier de Presse à Paris. Je serai ensuite édité aux Nuits Blanches (Paris) et chez Noir’édition (Bréhand). Le moment de bascule a lieu le 1erseptembre 2019 quand je quitte définitivement la gendarmerie. À ce moment-là, BLH Editions que j’ai créées et dans lesquelles j’ai mis toutes mes économies existent depuis le 1er janvier de la même année. Une décision familiale qui implique aussi toute la famille. J’écris. Mon épouse, mes trois enfants et leurs deux conjoints argumentent, corrigent, valident tout, du texte à l’illustration de la couverture. Si le covid a fait perdre un an et demi de développement, BLH Editions ont aujourd’hui atteint un rythme de croisière.
Les Causeuses : Le catalogue de BLH Editions* présente une offre pour adulte qui distingue thriller, polar et action et une proposition des plus singulières pour la jeunesse où l’on découvre le trait de crayon du dessinateur Boidu. BLH Editions vont-elles compter de nouveaux auteurs à l’avenir ?
Bruno L’Her : Avec neuf titres pour adultes (dont le dernier de la série de Troie à paraître prochainement) et deux pour enfants (dont un en préparation), je suis le seul auteur. Il ne s’agissait pas jusqu’à présent, pour une question de fiabilité de la boîte, de faire prendre des risques aux auteurs. Mais... il y a un petit nouveau sur le grill en ce moment même et il se pourrait bien qu’il soit édité ce premier semestre 2023. Quant à la ligne proposée aux enfants, le livre présente en effet la particularité d’être scindé en deux parties qui correspondent à deux formes prises par une même histoire : le mini-roman en français et la BD en anglais. Le premier tome évoque le thème de la précarité et le second, à venir, celui de l’isolement des personnes âgées.
Les Causeuses : Revenons à La Résurrection de l’Ange et ses personnages hauts en couleur : Fromentin, chargé de mener l’enquête et qui culpabilise de négliger sa famille ; Le Bronnec de la Police Scientifique, sensible à la prose de Marcel Pagnol ; Lisa Vittonian, journaliste soucieuse de préserver les parties impliquées dans l’affaire… Auquel d’entre eux Bruno L’Her s’identifie t-il ?
Bruno L’Her : Je m’identifie à tous mes personnages avec les qualités et les défauts qui font chacun d’entre eux. J’ai le souci constant de rendre crédible chaque situation en étant le plus proche possible de la réalité.
Les Causeuses : Et quand cette réalité prend les traits de … du criminel, les circonstances atténuantes existent-elles ? Bruno L’Her n’est-il pas effrayé des atrocités commises par son personnage ?
Bruno L’Her : Il n’y a pas de violence gratuite. Il y a toujours une explication. Les circonstances atténuantes sont explicites dans La Résurrection de l’Ange. Elles n’excusent pas mais elles permettent de comprendre. Quant à Bruno L’Her, il a peur d’une porte qui claque. Partant de là...
* https://www.blh-editions.com /
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