Bayard, un monde d'aventures

 Par André Daviaud



Les lectures à la maison étaient assez peu variées et, si notre père lisait beaucoup, nous, les enfants, attendions surtout avec impatience notre hebdomadaire : Bayard, un journal qui nous invitait à suivre les aventures trépidantes de Bob Morane, Pascal et Michèle Montfort, Procopio, Bill Jourdan… Les héros évoluaient pour la plupart soit au moyen-âge, soit au XIXème siècle, soit à l’époque contemporaine. C’étaient des chevaliers, des cow-boys ou des aventuriers.

Une mention spéciale à Procopio, héros satirique de la chevalerie, dont notre père prolongeait les aventures le soir à la veillée par des récits parodiques où Procopio embrochait sur son épée quinze sarrazins qui avaient eu le tort de se trouver sur son passage lors de sa glorieuse marche triomphale vers Jérusalem pour délivrer le tombeau du Christ lors de la dix-huitième croisade !

Dans Bayard, il y avait les héros fictifs et les héros historiques, qui poursuivaient l’idéal du chevalier sans peur et sans reproche.

Un titre de roman, dont les feuilletons s’égrenaient de semaine en semaine, m’est resté en mémoire : Un chien viendra d’ailleurs. J’ai longtemps cru qu’il fallait comprendre : Du reste, un chien viendra. Je me demande maintenant si ce n’était pas : Un chien viendra de quelque part, d’un autre lieu. Quel est ce chien ? D’où viendra-t-il ? Un titre, parfois, bien plus qu’une longue histoire, met en émoi votre imaginaire.

Je me souviens aussi de quelques planches évoquant les combats durant la guerre d’Indochine. C’était sans doute l’histoire d’un de ces jeunes lieutenants, moines soldats, qu’on avait envoyé se faire tuer là-bas, au sortir de leur école d’officier, comme Bernard, le fils unique du maréchal De Lattre de Tassigny, notre voisin vendéen.

J’ai revu par hasard quelques-uns de ces dessins. Ils sont souvent maladroits et naïfs. Mais c’étaient nos seules images, nos seuls héros, car nous n’avions pas la télévision où brillaient les exploits de Rintintin ou de Thierry La Fronde.

Quand il venait à la maison, le cousin René, qui habitait la « grande ville » de La Rochelle, apportait des illustrés différents : le journal de Mickey ou Pif poche, ce dernier, d’inspiration communiste, contrastait avec nos lectures. On y rencontrait des héros qui ne croyaient pas du tout au ciel, ni au petit Jésus, ni aux saints… Un autre monde.

Et puis, à l’école, je me souviens surtout d’une première découverte de la puissance du récit. Chaque soir avant la sortie, le maître nous lisait un passage d’une histoire. Je fus passionné par les histoires d’animaux de Louis Pergaud dans son roman De Goupil à Margot. Cet auteur est beaucoup plus connu pour sa Guerre des boutons que j’ai trouvé moins passionnante.

Mais je dois aux ruses et aux rêves des bêtes de Pergaud mes premiers émois littéraires et peut-être ma soif d’écrire. C


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